I haven’t blogged for ages – twitter and telly so much easier!! – but as I am making a long speech today, I thought I would post it here. It is indeed long, though not Cummings-blog-length. Oh, it’s also in French, as I will be making it to several hundred business people in Marseille, keen to hear the answer to the question ‘wtf is going on with this Brexit shitshow?’

The more you travel, the more you realise virtually the whole world thinks that we have taken leave of our senses, and the image of global laughing stock really has not been helped by Tory and Brexit Party members installing Boris Johnson as Prime Minister.

Anyway, it will be nice to get away for the day, and I do like using my French, which I will be doing both with the speech below, and media interviews. It is actually quite shameful how few people in our politics and broader public life speak only English. Again last night, as Europe digested Johnson’s latest ‘wheeze’ – I think ‘plan’ is way too polite – were you not struck by the effortlessness with which a succession of foreign politicians and journalists analysed his long, complicated letter and legal text? 

Here goes … I have done my best to include all the accents (a ballsaching element of the French language) but am always up for correction/improvement suggestions on this, spelling, grammar and use of language …

— Merci, et bonsoir, à tous et à toutes. Quelle langue fantastique qu’on peut dire ‘à tous et à toutes.’ Il n y en a pas de traduction. Il faudrait dire … Welcome to all, (masculine,) and to all, (feminine) … ca marche pas. J’adore la langue française.

Cette question de traduction, elle n’est pas sans importance. Dans la diplomatie, on a souvent des écouteurs et la voix d’un interprète dans les oreilles. Je me souviens, quand Lionel Jospin était premier ministre, et on l’a invité au nord d’Angleterre, pour un petit point de presse. On nous a trouvé un interprète local, et Tony Blair a commencé par dire, … ‘there are so many reasons I like Lionel, so many positions we agree on,’ et après quelques secondes les journalistes français commencaient a rigoler. Parce que l’interprète les avait informé que notre premier ministre avait dit du votre, ‘j’ai tant envie de Lionel, en beaucoup de positions différentes.’

Normalement, quand je viens à Marseille, c’est pour le football. Trente huit étés consecutives, nous passons nos vacances en Provence, et toujours j’essaie d’assister aux matchs de l’OM. Mon équipe de foot principale c’est un club au nord d’Angleterre, Burnley. Un de nos joueurs d’il y a quelques années sera connu par beaucoup d’entre vous, j’imagine, Joey Barton, qui a aussi joué pour l’OM. Quand il était au Velodrome, j’étais son invité à un match avec deux amis de notre petit village, Puyméras, Zizi le barman et Julien le fermier. On a regardé le match. Après on a mangé avec Barton et le reste de l’équipe. Pour mes amis, c’etait un rêve. À minuit, on était sur le terrain, avec un ballon, on jouait avec Barton. Et puis après, il nous a fait le tour des vestiaires, et j’ai temoigné l’effet incroyable que peut avoir le foot sur les hommes. 

Ayant dit au revoir à Barton, en route à la maison, Zizi me dit … ‘merci, mon ami, de m’avoir donné un moment inoubliable. Pour le reste de ma vie,’ il a dit ‘je pourrai raconter aux gens que j’ai pissé dans le meme pissoir ou Didier Drogba avait pissé quand il était avec l’OM … ca, c’est Le Bonheur.’

Si je vous donne l’impression que j’adore votre pays, ce n’est pas faux. 

Mais je suis réaliste, pas romantique. Et on a eu des divergences, surtout à l’époque Blair-Chirac, sur la guerre d’Irak. Mais j’ai senti une grande tristesse en entendant les nouvelles de sa mort. Impossible de ne pas aimer Chirac, aimer son style. Je me rappelle un sommet ou il présidait le Conseil europeen, la salle brulante de colère, impossible à se mettre d’accord pour prendre des decisions. Il tape son verre avec son stylo, et il prononce, plus présidentiel que jamais …

‘Mesdames, messieurs … La France propose … un café …’

Chirac, comme vous le savez, aimait la nourriture. Il aimait aussi dispenser des flatteries. Aucun repas n’était complet sans qu’il ait demandé au chef d’être appelé à la table … délicieux, impeccable, fantastique, parfait… Nous l’avons reçu une fois au pays de Galles – ou on nous a servi de l’agneau trop dur, un vin gallois trop fruité, un dessert pas assez sucré, donc nous étions un peu inquiets quand il a demandé à voir le chef. Il n’a pas déçu… ‘délicieux, impeccable, fantastique, parfait…’ Loveable rogue, on dit.

Mais, à un autre moment, ses véritables opinions sur notre cuisine ont été dévoilées de manière inattendue. C’était maintenant le Royaume-Uni qui présidait un sommet européen. Chirac avait parlé, suivi de Robin Cook, a l’epoque ministre des Affaires étrangères. Chirac avait oublié d’éteindre son microphone, donc les interprètes continuaient de le traduire alors qu’il parlait à son voisin, Helmut Kohl. Son ‘intervention’ a été traduite … ‘Ce type Cook est écossais, Helmut. As-tu été en Ecosse? C’est tellement beau, mais mon Dieu, la nourriture est déguelasse… Ils mangent quelque chose nommé le haggis … tu as mangé ce haggis, Helmut?’

“Nein.”

‘Évite-le, mon ami. Cela ressemble à la merde et le gout est encore pire.’

Bon, assez de memoires du passé. Parlons d’aujourdhui et de demain. 

Le Brexit. Quand vous m’avez invité, surement vous avez pensé que je pourrai repondre a toutes vos questions …

Qu’est-ce qui se passe chez nous? Qu’est-ce qui va arriver? Est-ce que c’est certain que nous quitterons le 31 octobre? Est-ce que on est prêt? Quels serons les effects pour la France et le reste de l’Europe? Premier Ministre Johnson a’t-il un plan? Est-ce qu’il veut qu’on sorte sans accord? Est-ce qu’il va demissioner si nous n’arrivons pas a sortir? Est-ce qu’il va briser la loi en refusant de demander une extension? Est ce qu’il y aurait un 2ème referendum? Des elections? Qui gagnerait? 

Et à toutes ces questions, messieurs dames, je vais dire quatre mots qui viennent rarement de la bouche des politiciens et des journalistes.

Je. Ne. Sais. Pas.

Personne ne sait. Ni le premier ministre. Ni la Reine. Ni les deputés. Ni la Commission. On est dans le territoire de n’importe quoi … 

Il est difficile de comprendre pourquoi cette rupture se produit maintenant. En 2008, Gordon Brown a déclaré que ‘il n’y a jamais eu de plus grande coopération entre la France et la Grande-Bretagne’. Président Sarkozy a également déclaré: ‘Si nous voulons changer l’Europe, mes chers amis britanniques – et nous, les Français, souhaitons changer l’Europe – nous avons besoin de vous en Europe pour nous aider.’ David Cameron a dit la même chose, puis a convoqué ce referendum dément.

Et quelles que soient nos différences, elles ne sont rien dans le contexte de l’histoire. 1066 le premier conflit armé entre nos deux pays; la guerre de cent ans le conflit le plus long, la guerre de la succession espagnole, le rôle français contre la Grande-Bretagne dans la guerre de l’indépendance américaine, notre rôle du côté des Monarchistes dans la révolution française, puis la guerre de sept ans, Napoléon, Nelson et Waterloo, ensuite entente Cordiale 1904, un nouveau siècle, une nouvelle approche, au même côté dans les deux guerres mondiales, la guerre froide et l’installation de l’OTAN, et oui, de Gaulle a eu ses différences et son véto mais nous y sommes arrivés à la fin. Pour toutes les difficultés sur l’Irak ces dernières années, des liens remarquables dans la défense et la politique étrangère.

Et puis, ce tunnel magnifique, et encore plus magnifique le centre de passeports pour des chiens a Calais, un symbole fantastique de notre proximité et qui a donné à notre chien Skye l’occasion de devenir le Cavalier roi Charles le plus voyagé du monde. Et Skye, je peux vous announcer, déteste le Brexit même plus qu’elle ne deteste les chats. Et le système pour les chiens après Brexit … je ne sais pas. Skye ne sais pas. Personne ne sait.

Quelle histoire ce tunnel, bati, finalement, cent vingt anneés après le premier acte de parlement qui donnait la permission de construire. 

Même en 1977- l’année de la naissance d’un bébé Emmanuel Macron – selon la memoire d’un fonctionnaire qui a essayé de convaincre un ministre de la mérite du tunnel… Il a écrit. ‘Cela l’a rendu fou. Est-ce que je ne me souviens pas de mille neuf cent quarante? Est ce que je voudrais que les Allemands nous envahissent? Il faut rester ile.’ Ironique alors que c’est Madame Thatcher, elle-même d’une mentalité d’ile, insulaire, qui a finalement dit oui.

Et quelle honte, bien exprimé par Président Mitterrand à l’ouverture du service Paris-Londres, ‘qu’on va supervite de Paris à Lille sur les lignes grande vitesse, un peu plus lent dans le tunnel et puis on peux aisément admirer le paysage anglais, le train roulant à la moitié de la vitesse francaise.’

…. Alors si ma response a toutes vos questions est que je ne sais pas, je vais poser une question a vous …

En général, le Brexit vous a-t-il donné une impression positive ou négative du Royaume-Uni? D’abord, si le Brexit vous a rendu plus positif à l’égard de mon pays, levez la main. Et maintenant, levez la main si cela vous a rendu plus négatif à l’égard de mon pays.

Comment ne pas se sentir plus négatif quand un pays comme le notre, avec la réputation meritée de politique sensée et pragmatique, et avec un rôle de leader dans le monde, communique chaque jour le sentiment que son système politique est en crise, et souffre une sorte de dépression nerveuse collective? Comment ne pas se sentir plus négatif d’un pays qui a ramené la paix en Irlande du Nord et qui maintenant prend le risque de torpiller cette paix? Comment ne pas se sentir plus négatif d’un pays qui a crée tant de problemes non seulement pour nous-mêmes mais pour vous et les autres  vingt six members de l’union europeene? Et n’est-ce pas intéressant que le soutien pour l’Union Européene est monté dans tous les pays de l’Europe depuis le vote pour notre depart, et que Mme Le Pen s’arrête de parler du Frexit?

Si vous avez voulu un invité qui vous dit d’une part ceci, de l’autre part cela, ce n’est pas moi. Avec le Brexit, il n y a pas de ‘en même temps’ Macronien. C’est une catastrophe et, en même temps, un désastre. 

Bien sûr, rien n’est certain. Peut etre j’ai tort. Qui serait futurologue? Vous vous rappellez peut-être, après la chute du mur de Berlin, Francis Fukuyama s’est fait connaître, en inventant l’une de ces phrases qui semblait capturer le moment, … la fin de l’histoire.Un monde de valeurs démocratiques, libérales, et d’une vision universellement partagée de la maniere dont fonctionnerait l’économie moderne. Eh bien, à quoi cela ressemble-t-il maintenant, sur notre planète divisée, inquiète et confrontée de manière existentielle par le changement climatique? Peut-être un autre futurologue, Samuel Huntington, était un peu plus près de la marque en nous avertissant que nous allions nous affronter à un choc des civilisations… 

Il y a quelques années, quand ma mère est morte, nous étions en train de vider sa maison, et je suis tombée sur mes anciens bulletins scolaires, dans une enveloppe jaunie au fond d’un tiroir. Une remarque en particulier m’a plu … ‘Histoire: son papier sur le déclin de l’empire austro-hongrois était un travail particulièrement perspicace et intelligent.’

Et cela m’a fait penser, est-ce que nos enfants et nos petits-enfants, et les leurs, écriront des essais à l’avenir … ‘dans quelle mesure le référendum de 2016 a-t-il conduit au déclin durable du Royaume-Uni?’ 

Encore une fois … Je. Ne. sais. pas. Mais c’est ca que je craigns.

Sur le plan économique et politique, meme sans etre parti, nous sommes déjà affaiblis. Le livre qui tombe. La réputation internationale dans le même sens. Les investisseurs qui partent, les medecins et infirmiers européens qui font pareil. La crossiance de l’économie la plus rapide du G7, devenue la plus lente. Le taux d’épargne le plus bas d’un demi siècle. Et même les supporteurs les plus passionnés de Brexit ne disent plus ‘il faut le faire parce que le Brexit va être bien pour le pays’; ils disent qu’il faut le faire parce que le pays a voté pour LEAVE. 

Peut-être les étudiants pas encore nés devront expliquer comment l’Écosse a finalement gagné son indépendance? Il me semble possible, même probable, avec un Premier ministre Johnson qui poursuit un Brexit sans accord pour apaiser les nationalistes anglais, que si les nationalistes écocssais arrivent à avoir un nouveau vote, ils gagneront. La question de la frontière irlandaise étant loin d’être réglée, une Irlande unie ou même un retour à la violence pourraient-ils également faire partie de la réponse a cette question d’examen? Et avec la géopolitique du monde tellement modifiée depuis la fin de la deuxiême guerre mondiale, un Royaume-Uni composé uniquement de l’Angleterre et du pays de Galles pourrait-il vraiment continuer à occuper l’un des cinq sièges permanents à la table des Nations Unies, avec tant d’autres pays non seulement plus peuplés mais plus puissants aussi? 

Donc, je crains que nous choisissions notre déclin, en disant au revoir non seulement à une alliance réussie, mais également à de nombreuses valeurs et institutions qui ont contribué à créer pour le Royaume-Uni une réputation largement positive dans le monde entier. Il y a certainement une ironie chez un politician, Johnson, qui a remporté une campagne sur le thème de la souveraineté sous le slogan Take Back Control, notamment en mentant au sujet des services de santé, de la Turquie et de pas mal d’autres choses encore, et qui n’pas eté puni politiquement mais est devenu Premier ministre, et qui a cherché à obtenir le résultat qu’il souhaite en fermant le Parlement.

‘Post truth. Post shame.’ On est dans un monde politique, chez nous et aux États-Unis et ailleurs, ou il n y a pas de verité et il n y a pas de honte. Johnson et Trump sont tous deux des symboles de l’après-vérité et de l’après-honte. Selon le Washington Post Trump ment en moyenne douze fois par jour. Ils inventent. Ils exagèrent. Ils nient avoir dit ce qu’ils ont dit et écartent les preuves qui prouvent le mensonge. Ils ne craignent pas les scandales et comptent sur l’aide de sympathisants des médias et parmi le public pour les aider.

Ils sont populistes. Cela ne signifie pas faire et dire des choses pour être populaire. Ce n’est pas ca. Le populisme est la relégation des faits et de la raison au mensonge et à l’émotion. Johnson est devenu Premier ministre du Royaume-Uni, élu par les militants de son parti, en jouant ce jeu. Trump y négocie jour après jour, heure après heure, tweet par tweet. 

J’étais récemment en Australie et j’ai été frappé par ce commentaire d’un lecteur sous un article que j’avais écrit …  ‘Voter pour un parti populiste, c’est plonger dans une piscine vide — parce que vous etes en colère qu’il n’ya pas d’eau la dedans.’ Trump, Johnson, Salvini, Orban en Hongrie, Bolsonaro au Brésil, Le Pen ici, c’est leur jeu. Plongez, l’eau est bonne … oops … pas d’eau.

Nous avons en grande partie grandi avec des politiciens qui souhaitent unir, rassembler les gens. Lorsque les forces politiques dominantes préfèrent la division, veulent cultiver la colère, pour l’exploiter à leur cause, cela change le jeu. Nous devons en être conscients, mais le combattre aussi. Nous tous. Pas seulement les politiciens, mais les entreprises et les citoyens. Sinon, nous n’avons aucune chance de le repousser.

On entend souvent que la crise dans la politique moderne est une crise de confiance. Mais regardez dans le dictionnaire … ‘Confiance: une conviction profonde dans la fiabilité, la vérité ou la capacité de quelqu’un ou de quelque chose.’ Ajoutez cela à la plainte usée: ‘Pourquoi nos politiciens ne peuvent-ils pas simplement nous dire la vérité?’ Regardez qui est au pouvoir, aux États-Unis et au Royaume-Uni par exemple, et demandez-vous: ‘Le pensons-nous vraiment?’

Il y a un livre sur la Russie, ‘Rien n’est vrai, et tout est possible’, de Peter Pomerantsev. Le titre résume la stratégie qui a permis à Poutine de consolider son pouvoir. Plus facile dans une ‘démocratie’ où vous contrôlez le Parlement et les médias. Mais Trump et Johnson jouent le même jeu.

Post vérité: dans Trumpland, les journalistes qui critiquent ne sont pas des journalistes, ce sont des menteurs. Les fonctionnaires qui disent la vérité au pouvoir sont des traîtres. Ne croyez a rien que des tweets de Trump, même s’ils disent le contraire de ce qu’il a dit hier, ou sont défiés par ce que vous voyez de vos propres yeux. Rien n’est vrai… tout est possible.

C’est un environnement ouvert à ce modèle électoral. ‘Vous êtes en colère, mes chers compatriotes. Je vais vous mettre plus en colère en vous disant que votre colère et vos ressentiments sont justifiés et que personne d’autre que moi n’écoute… les problèmes qui vous mettent en colère sont facilement résolus, mais il n y a que moi qui peux les résoudre, car les autres ne s’en soucient pas. Ce sont les élites, les ‘experts’. Et vous et moi sommes le peuple …’ Et c’est Trump, fils du milliardaire, Le Pen, fille d’une dynastie politique, et Johnson … 

La clé de toute cette colère, c’est le crash mondial. L’impression que les auteurs du crash s’en sont sortis et ceux qui ne l’ont pas causé ont neanmoins payé le prix – chomage, stagnation des salaires, la baisse du niveau de vie, la réduction des services publics, la hausse des coûts de l’université, l’incapacité d’acheter une maison. Ajoutez à la colère la peur que les tendances continuent dans la même direction, que les riches s’enrichissent, que le changement s’accélère, que les robots prennent le relais. Alors fermez les frontières. Construire des murs. Trouvez des ennemis. Blâmez-les – Mexicains, les immigrants, ‘Bruxelles.’

Peut-être, nous entrons dans une période véritablement sombre de l’histoire. Il y a trop de parallèles avec les années 30 pour que l’on puisse etre complaisant. Les conséquences d’une crise economique globale. Le rejet de l’opinion d’experts en faveur du sentiment et des préjugés. La montée du nationalisme. La montée de l’antisémitisme. Les peuples des démocraties avancées commencant à s’interroger sur la démocratie elle-même. La montée du leader ‘homme fort.’

Alors pourquoi disons-nous que nous voulons la vérité et ensuite nous élisons et récompensons des menteurs confirmés?

Barack Obama avait une partie de la réponse. Il a souligné que si vous regardez votre smartphone et parcourez les médias sociaux, une déclaration signée par tous les gagnants du prix Nobel scientifique avertissant des dangers du changement climatique a l’air identique à un message financé par une campagne de déni du changement climatique. En outre, à qui les gens croiront-ils si nous ne croyons pas les politiciens, les journalistes, les hommes d’affaires, les experts comme nous le faisions auparavant? Nous croyons – et c’est le génie de Facebook en tant que modèle de communication -, nous croyons en nos amis, qui ont tendance à avoir les mêmes idées que nous.

Angela Merkel a fourni une autre partie de la réponse, avertissant que les algorithmes nous entraînent tous dans nos propres cercles de plus en plus rares de formation d’opinion.

Le FMI, l’OCDE et la Banque d’Angleterre ont tous mis en garde contre le Brexit. Ils ont également en commun le fait qu’une partie assez importante de la population choisit de ne pas y croire.

Pourtant, ces mêmes mécréants ont accepté et souvent cru des messages sur Facebook que des millions de Turcs se dirigeaient vers nous, que notre armée allairt disparaitre, que nous aurions des sous-titres en arabe sur notre téléviseur. Pourquoi croient-ils de telles choses? Parce qu’elles correspondent à ce qu’ils ont déjà décidé. Croyez ce que vous croyez et criez. Ne croyez rien qui le défie et criez plus fort. C’est le nouveau paysage de campagne à l’ère de la chambre d’écho des médias sociaux.

La lutte est maintenant moins gauche / droite, mais démocratie / dictature, ouverte / fermée, internationaliste / nationaliste, réalité et vérité / émotion et mensonges. 

C’est un signe de la faiblesse de notre débat public que nous ayons parfois l’impression de nous battre comme pour la vie ou la mort pour persuader des personnes apparemment raisonnables que plonger dans cette piscine vide n’est pas une bonne idée; et un signe de l’étrange époque où je me trouve à ruminer les mots d’une figure haineuse de la gauche, Ronald Reagan, et son avertissement que nous ne sommes jamais à plus d’une génération de la perte de liberté. La lutte pour cela est loin d’être gagnée.

Au milieu de tous ces parallèles avec l’ère pré-fasciste des années 30, j’entends souvent cette célèbre pensée ‘ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le revivre’. Je ne l’ai jamais vu attribuer. J’ai donc fait des recherches  et découvert qu’elle avait été écrite par un philosophe américain d’origine espagnole, George Santayana. J’ai été encore plus frappé par la phrase qui a suivi… ‘La convoitise de la vérité est une passion très distinguée’, a-t-il déclaré.

Avec Trump et Johnson au pouvoir et le virus du populisme apparemment en train de s’étendre, le besoin de cette passion n’a jamais été aussi grand ni aussi urgent.

C’est pour ça, je dois vous dire, que pas mal de Britanniques regardent vers M Macron en esperant qu’il resussisse. 

Depuis des années, quand on était au pouvoir, les Français m’ont demandé ‘pourquoi ne pouvons-nous pas trouver notre Tony Blair?’ Maintenant, chez nous et ailleurs on demande ‘ou est notre Macron?’ Nous avons eu May, maintenant Johnson et aucun français ne m’a demande ‘pourquoi ne pouvons-nous pas trouver notre Theresa May ou Boris Johnson.’ Et les Americains ont Trump! Personne ne veut un Trump, même Melania.

Il y a des parallèles, bien sur, entre Blair et Macron. Arrivé au sommet jeune, charistmatique, intelligent, plein d’idées, moderne. Ni gauche ni droite … Mais nous, on est toujours resté dans le parti. On a persuadé le parti qu’il fallait changer, pour gagner la confiance du peuple et ainsi gagner l’occasion de moderniser le pays – ce qu’on a fait. New Labour représentait un chapitre nouveau dans une vielle histoire. Macron a decidé vraiment d’écrire un nouveau livre. Ce n’est pas seulement qu’il a saisi le moment, il l’a crée. 

Et comparons avec David Cameron, qui a annoncé notre référendum pour régler un problème interne au parti conservateur, pour apaiser les sceptiques de son parti et des médias. Tandis que Macron, quand il semblait perdre du soutien à sa gauche avec Mélenchon et à sa droite avec Le Pen, à cause de sa défense de l’Union Européene et de fortes valeurs libérales, au lieu de se replier face à des solutions simples aux problèmes, ou a la rhétorique de la haine, comme nos dirigeants l’ont fait en se penchant vers l’euroscepticisme, il s’est engagé contre la haine, a plaidé contre avec passion et conviction et a dessiné un meilleur avenir, et je crois qu’il a été récompensé pour son courage … pas effrayé par le populisme, montrant que pour faire reculer le mécontentement et la colère populaires, il faut des solutions réelles aux problèmes de la mondialisation. 

Ce qu’Emmanuel Macron a compris, c’est qu’il n’y a qu’une seule réponse sérieuse – non pas à traiter par le mépris des inquiétudes qui sont légitimes et compréhensibles mais à expliciter les solutions qui pourraient véritablement améliorer le sort de la population. Pas facile. Le pouvour n’est jamais facile et la France est un pays difficile à gouverner, ses habitants votant pour le changement et se rebellant lorsqu’ils sont confrontés au changement de pratique.

Mais j’ai confiance. Je l’ai rencontré. Il a quelque chose de très special, pas seulement des idées et de l’intelligence, mais une confiance en soi remarquable.

Si j’ai une inquietude a propos de Macron, et peut-être d’autres dirigeants europeens, c’est qu’ils nous abandonnent, qu’ils décident que même si ils arrivent a conclure un accord, notre Parlement pourrait-il l’adopter? Même si le Royaume-Uni a un deuxième référendum et decide de rester, est-ce que ils nous veulent toujours, assis dans un coin, boudant, en colère, toujours difficile? Même si Johnson fait une promesse, peuvent ils le croire? (La, je peux leur aider – la réponse est non.) N’est-ce pas evident, avec le ‘plan’ qu’il a proposé hier pour ‘résoudre’ le problème de la frontière irlandaise, qu’il l’a proposé pour être refusé, pour qu’il puisse, comme le font toujours des populists et des opportunistés, faire des reproches aux autres. C’est honteux ce qu’il fait, démontrant un manque de respect pour les Européens, de l’arrogance envers l’Irlande, et une grande ignorance de l’histoire récente.

Mon message pour eux … Johnson ne parle pas pour la majorité, et il n’a pas une majorité pour son Brexit, et il ne l’aura pas. Il veut regler le Brexit par des elections, car avec notre systeme on peut gagner avec 35 pourcent, tandis qu’un référendum, il faut au moins 50 pourcent. Avec un référendum, je suis aussi certain qu’on peut l’etre dans cette période si incertaine, qu’on gagnerait. C’est pour ca que je demande encore un peu de patience, malgre tout ce qu’on a provoqué.

Johnson et ses Brextremistes insistent qu’un nouveau référendum serait anti-démocratique. Je dis que le Brexit promis il y a trois ans n’était pas livrable, que le Brexit maintenant proposé n’a aucun rapport avec le Brexit promis et qu’il n’existe aucun mandat pour quitter sans accord. Donc, loin d’être antidémocratique d’avoir un autre vote, je crois que c’est antidémocratique de ne pas l’avoir. Esperons avec moi qu’on y arrive. Si non, le declin de mon pays s’accelere, et Skye et moi voudront passer encore plus de temps ici en Provence.

Merci. À tous et à toutes.